Faire et défaire, c’est toujours travailler

Je conçois que, chez moi comme chez beaucoup de femmes atypiques, la déconstruction soit un tantinet obsessionnelle.

L’essentiel, me direz-vous, c’est de savoir reconstruire ensuite et, dans l’intervalle, d’être prête à camper.

Ces trois derniers mois ont été l’occasion d’une déconstruction magistrale. Qui suis-je, où vais-je, dans quel état j’erre. Pourquoi, pourquoi, pourquoi, corrélé par comment, comment, comment, fichtre donc.

J’ose avouer ici-même que de cette déconstruction est sortie une grande méfiance envers le coaching. Bigrement paradoxal pour une coach, je ne vous le fais pas dire.

L’architecture m’a accompagnée pendant toute cette remise en question. Je ne dois pas vous guider, finalement. Je dois, comme une architecte, vous aider à construire cette jolie maison personnelle (que vous déconstruirez joyeusement ensuite mais ne brûlons pas les étapes).

De même que l’architecture contemporaine doit s’adapter aux énormes défis qui nous regardent dans les yeux, l’accompagnement personnel se doit de trouver de nouvelles réponses et, surtout, de poser les nouvelles bonnes questions.

Je ne vous raconte pas l’angoisse : comment puis-je expliquer cela en quelques mots (puisqu’on ne peut plus “pitcher” en plus de quelques phrases, de peur que l’attention de poisson rouge des auditeurs prenne le maquis) ?

En somme, la déconstruction/reconstruction n’en finit jamais. C’est pourquoi il est inepte de s’en remettre à des “guides” qui auraient censément “tout compris”. Ben voyons.

Sur ce, je m’en vais reprendre la truelle et vérifier que Google veut bien de mes mots-clés parce que, voyez-vous, sinon ça signifie que je ne vaux pas la peine d’être lue.

Haut les cœurs, girls !

PS : l’histoire du poisson rouge, ça ne vient pas de moi mais de Microsoft. Je n’aurais pas osé.

La femme coupable

Le problème, c’est qu’elle est toujours là et nous pensons, êtres modernes que nous sommes, l’avoir réduite à néant. Que nenni.

La codification des péchés capitaux a une longue histoire. Prenons la liste qui nous en est donnée par Carla Casagrande et Silvana Vecchio : l’Orgueil, l’Envie, la Colère, l’Acédie, l’Avarice, la Gourmandise, la Luxure.

Ces tendances existent en chacune de nous. Sont-elles encore considérées comme des péchés ? Bien sûr que oui.

En tant que coach, j’entre en bataille contre ces représentations contemporaines, pop, instagramables et “acceptables” des péchés médiévaux :

  • Orgueil : “C’est mon ego qui parle”
  • Envie : “Je passe mon temps à scroller sur Insta, il y a des photos trop belles, j’aimerais tellement avoir la même chose.”
  • Colère : “Je pratique la communication non violente et l’éducation positive mais c’est difficile.”
  • Acédie : “Je procrastine, c’est pas bien.”
  • Avarice : “Je suis censée aider tout le monde (Comprenez : je dois m’épuiser et tout donner sans rien garder pour moi).”
  • Gourmandise : régimes, restrictions, sport, jeûne.
  • Luxure : sexisme, violences conjugales, viols.

Voilà : la pensée misogyne a encore de beaux jours devant elle grâce à une société qui se prétend laïque alors qu’elle ne l’est pas. Grâce également à tous les conseils dont nous sommes noyées : organisation, sport, perte de poids, carrière, grossesse, accouchement, allaitement, éducation, relations, argent, ménopause et j’en passe.

Malheureusement, ce sont les femmes qui acceptent encore (et depuis un millénaire) de recevoir des conseils et des objurgations ; qui acceptent de se considérer elles-mêmes comme imparfaites et dignes de critiques destructrices.

Respirons un bon coup et jurons comme des charretiers. Soulagement. Ensuite, faisons comme bon nous semble, tant que nous ne nuisons pas à nous-mêmes ou à autrui.

So mote it be.

Faire la paix avec le corps

Profitez de l’été pour faire la paix avec votre corps.

Vous ne ressemblez pas aux idéaux de beauté ? Vous avez plus de 40 ans et ça se voit ? Tant pis et tant mieux.

Arrêtez de vous battre. Acceptez.

Partez de là où vous en êtes avec votre corps et souvenez-vous que vous êtes lui et il est vous. C’est votre maison, votre ami, quel que soit son état ou son apparence.

Pour vous aider, voici un exemple de rite à accomplir au calme. Soyez libre de l’utiliser, de le partager, de le modifier.

Rite de réconciliation

Ce rite nécessite une préparation : allez marcher quelques minutes en compagnie de votre corps. Une petite balade entre amis. Marchez, respirez et parlez-lui.

J’ai fait cela avec mon corps (et je le fais régulièrement) : je lui dis que je suis désolée de l’avoir fait souffrir pendant près de 40 ans, que je lui suis reconnaissante pour sa beauté, son endurance, son parfait fonctionnement. Je lui demande ce dont il a besoin, comment il se sent. Je lui promets de prendre soin de lui et de l’accepter tel qu’il est.

Une fois rentrée (ou, si vous avez la chance d’être en pleine nature, une fois dans un coin tranquille), asseyez-vous et fermez les yeux.

  • Visualisez votre corps tel qu’il est aujourd’hui.
  • Remerciez-le de vous avoir accompagnée et de vous accompagner encore.
  • Imaginez une lumière colorée (une couleur qui vous inspire la paix) et entourez votre corps de cette lumière.
  • Dites-lui que tout va bien et que, dorénavant, vous allez prendre soin de lui comme il le mérite.
  • Passez vos mains sur vos jambes, votre ventre, vos bras, consciemment, avec affection, et terminez par le visage. Tout cela vous a été confié à votre conception et vous en êtes la gardienne.
  • Sentez votre corps qui se relie aux autres corps, aux arbres, aux plantes, aux animaux, à la Terre et au cosmos. Il est là, tel qu’il doit être.
  • Prenez un moment pour détendre les muscles contractés. La bataille est finie. Votre corps est votre allié : il vous protège et vous le protégez.

C’est difficile, je sais. Voilà pourquoi ce rite doit être accompli régulièrement.

L’élément-clé est l’acceptation, qui mène à la détente : votre corps n’a plus à redouter votre jugement, les régimes, les contractions, le rejet. Il peut être lui, vous pouvez être vous.

Pourquoi honorer les saisons

(alors que tout part en vrille)

Pour reconnaître leur succession et notre place à l’intérieur de chacune d’elles.

Pour dire : je suis liée à vous et mon rythme de vie l’est aussi.

Pour honorer une force supérieure, quel que soit le nom qu’on lui donne, qui veillerait au bon déroulement de toutes choses.

Pour fêter la nouveauté, le changement, le glissement vers le repos ou l’activité.

Pour nous souvenir de nos ancêtres cultivateurs qui, les yeux au ciel, attendaient les premières pluies ou le redoux.

Pour appeler sur nous les bénédictions qu’elles apportent.

Pour nous préparer aux rigueurs qu’elles réservent.

Pour s’assurer que le monde continue de tourner rond (à peu près).

Pour leur montrer qu’on tient à elles.

Et pour leur dire, un peu naïvement, qu’on ne veut pas qu’elles s’en aillent ?

Marcher pieds nus

pieds nus dans les herbes et les fougères

C’est une forme subtile de liberté. Pas de talons de 10cm pour vous flinguer le dos.

Pas de démarche étrange, penchée vers l’avant, sur lesdits talons.

Même une adepte de la chaussure plate, comme moi, découvre des choses en marchant pieds nus.

D’abord, je ne suis ni centrée ni ancrée. Des années de chaussures ont fait leur œuvre. Je ne leur reproche rien, les pauvres, elles ont fait le job. Mais quelques jours de marche pieds nus ont mis mon squelette à rude épreuve.

Aux neuroatypiques, on dit qu’elles ont, entre autres innombrables bizarreries, des problèmes avec l’espace. Une proprioception proche de zéro. Soit.

Alors, si l’on commençait par s’exercer à marcher pieds nus en encourageant nos filles à faire de même ?

Je ne dis pas que tout peut être réglé par la plante de nos pieds. Je ne dis pas que la relation au corps est la panacée à toute difficulté.

Mais commençons par le début : marcher pieds nus. Toucher le sol avec notre corps. Dérouler nos articulations au fur et à mesure des pas. Retrouver des sensations qui nous ont quittées il y a longtemps. Mettre notre intelligence dans nos pieds et quitter notre mental pour quelques instants. Retrouver un centre, habiter la Terre, être connectées à l’énergie qui circule partout.

On n’accomplit pas les rituels en Stiletto, en UGG ou en baskets.

No shoes.

La nourriture, instrument du sacré

Nous sommes nombreuses à nous battre avec la nourriture.

Cette relation besoin-haine a de multiples causes mais elle est toujours liée à une forme de souffrance.

Il est temps de nous réconcilier avec la nourriture, c’est vrai.

Et si nous lui donnions une dimension sacrée et bienfaitrice ?

Et si, au lieu d’être notre ennemie, elle était une alliée que l’on respecte ?

Considérez ce que vous mangez comme un outil sacré : pourriez-vous vous jeter dessus et vous faire du mal ? Non, vous ne pourriez pas, nous ne pourrions pas.

Une nourriture disponible sans effort et sous plastique ne nous inspire aucun respect.

Une nourriture achetée à prix élevé, bio, du coin, que l’on a pris le temps de cuisiner, avec laquelle on a expérimenté, que l’on mange avec respect, voilà ce dont nous avons besoin.

Tentez l’aventure : à la prochaine salade, essayez de voir les ingrédients comme les composants d’un rituel magique qui transformera cette salade en énergie bienfaisante pour vous.

Car c’est de la magie : des éléments naturels qui, une fois ingérés, deviennent vous.

Ode à l’antre

minuscule cottage au milieu d'un potager

Un coin à soi, tout petit, non négociable, où vos rêves et vos rituels peuvent naître et s’épanouir.

En pleine ville ou loin de tout. Un endroit qui vous enveloppe avant même que vous en ayez passé le seuil.

Le seul endroit sur terre, permanent ou portatif, dans lequel vous êtes vous puisque nul autre n’y a accès comme vous y avez accès.

L’antre est le lieu dans lequel vous réglez vos comptes avec vous-même. Ce n’est pas forcément un lieu facile. Il vous aime mais vous oblige à lâcher le masque et le rôle de victime.

L’antre est la forêt dans laquelle on se perd pour se trouver. L’antre est le lieu dont l’existence même prouve que vous êtes sur le chemin.

L’antre peut partir en voyage pour les aventurières ou rester à la même place dans les 300 prochaines années. Peu importe la façon dont vous vivez.

C’est le sac à dos qui porte vos souvenirs, la mallette héritée de la grand-mère, la chambre à soi chère à Virginia Woolf, la cabane au fond des bois.

Trouvez votre antre et vous planterez vos racines.

Nous réconcilier avec l’eau

C’est évidemment lorsque nous n’avons plus d’eau (ou plus beaucoup) que nous comprenons sa valeur inestimable.

Dès l’Antiquité, et bien avant, les sources, rivières et lacs étaient pour la plupart sacrés.

Nous ne les considérons plus comme tels aujourd’hui mais notre inquiétude face au bouleversement climatique nous mène à reconnaître cet aspect intouchable.

Là où l’eau est empoisonnée, là où les ondines et les naïades sont violées, la terre ne produit plus et les hommes sont voués à disparaître.

Si nous honorions l’eau sans attendre qu’elle nous abandonne ? Si nous avions la même révérence pour celle qui coule du robinet que pour une source de haute montagne ?

Si nous nous souvenions que nous appartenons au même cycle qu’elle, au même univers ? Si cette ressource était notre amie, notre sœur, plutôt qu’une quelconque “ressource” comptable dont on oublie la sacralité et la valeur ?

Pensons-y la prochaine fois que nous la faisons couler. Elle n’est pas inépuisable. Elle est fragile et nous sommes ses gardiens.

Les rituels de l’eau :

  • Prenez conscience que vous utilisez de l’eau : c’est très simple mais nous l’oublions. Remerciez pour cette alliée qui nous permet de vivre.
  • Buvez abondamment (vu qu’il fait chaud) mais en pleine conscience : cette eau qui entre en vous vous constitue, elle devient vous. Ne minimisez pas cet événement magique et quotidien.
  • Abandonnez l’indifférence face à l’eau : nous avons la chance, Occidentaux, de bénéficier d’une eau potable.
  • Si vous êtes au bord de la mer, marchez dans l’eau et ressentez à quel point elle et vous êtes parentes.
  • Certains endroits sacrés existent encore en France, liés à des sources miraculeuses. Si vous en avez l’occasion, laissez à la porte tout votre scepticisme et croyez en cette bonté de l’eau.

Rappelez-vous : nous, humains, sommes une partie de la Nature, pas des contremaîtres blasés.

Femmes et ambition

Êtes-vous ambitieuse ?

Que vous répondiez oui ou non, c’est parfait.

2e question : acceptez-vous votre ambition ou votre non-ambition ?

Ouch. C’est là que le bât commence à blesser, non ?

De ce que j’en comprends, la société occidentale nous demande d’être ambitieuses, tout en nous interdisant de l’être. Et qui se retrouve chez le psy ? Nous.

Une femme qui assume sa non-ambition, quelle que soit la forme que prend celle-ci, sera sans doute considérée comme une sainte ou une poule mouillée réactionnaire (selon le milieu dans lequel elle évolue).

Une femme qui se déclare ambitieuse, vous savez bien à quoi elle va se heurter. Et les enfants ? Et la planète ? Et le soin des autres ? On va lui reprocher d’avoir passé toute décence par-dessus bord. Et elle se le reprochera sans doute à elle-même.

Quelle définition personnelle donneriez-vous de l’ambition ? En quoi êtes-vous ambitieuse ou pas ? Vous a-t-on déjà reproché votre ambition ?

Et si

Imaginons juste une seconde.

Vous êtes fatiguée, vous avez tout remis à plus tard ces dernières semaines, vous dormez mais rien n’y fait.

Toute explication médicale mise à part, peut-être faut-il adopter une solution contre-intuitive.

Et si vous aviez besoin d’en faire plus plutôt que d’en faire moins ?

Et si vous deviez y aller à fond plutôt que de traîner d’une pièce à l’autre dans le désœuvrement le plus total ?

Promettez-moi d’y réfléchir.

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